Le Procureur Général de la République interroge Ould Abdel Aziz (détails)

Jan 14, 2025 by deyloul

Le Ministère Public a commencé ce mardi à poser des questions à l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui comparaît devant la Cour d’Appel de Nouakchott ouest.

Le Procureur Général de la République : Vous avez déclaré devant le Tribunal que vous n’aviez pas disposé des fonds souverains de la présidence auparavant. Vous avez également déclaré que vos salaires étaient versés à la Première Dame tout au long de votre mandat à la présidence.

Mohamed Ould Abdel Aziz : Oui, en effet, c’est ce que je ai dit. J’ai passé 21 ans à la Présidence, dont 11 ans comme Président de la République. Je connais les espions et les présidents de partis qui recevaient des sommes colossales dans des sacs. Concernant mes salaires, j’en reçois un en tant que premier Général en service de l’armée mauritanienne, en plus d’un salaire de plus de 6 millions d’ouguiyas. Tout d’eux étaient transférés sur le compte de la Première Dame durant 11 ans. Le compte a été gelé. En tant que Président, je ne suis pas dans le besoin et mon objectif, c’est de diriger l’Etat.

Le PGR : Vous avez déclaré devant la Cour qu’une partie de votre richesse provenait d’une reliquat de la campagne électorale. Il y a des témoins, à savoir Brahim Ghadda, Selman Brahim, Abdallahi Charrouk et Mohamed El-Michri Mohamed. Saleh. Ils ont récupéré auprès de vous d’énormes sommes d’argent avant les élections, de 2 à 7 milliards des fonds de campagne.

MOAA : Abdallah Charrouk n’a rien à voir avec moi. Quant aux témoins, ils ont parlé d’argent, comme étant un reliquat des campagnes passées. C’est de l’argent que l’Etat donne de façon illégale, à coups de millions donnés aux partis politiques. Mais, le financement privé des campagnes n’existe pas, aux yeux de la loi mauritanienne. A chaque témoin 20 questions ont été posées et aucun n’a parlé d’argent.

En fait, les montants ont été gonflés et Salmane ne peut pas dire que le montant était de 2 milliards.

Le PGR : Vous avez déclaré posséder des montres de valeur et de l’argent provenant de cadeaux. Du moment que ces cadeaux vous ont été offerts pendant vos mandats présidentiesl, y avez-vous droit ou bien le Trésor ?

MOAA : Ce sont des idées et une vision soufie (dépouillée) des choses. C’est la coutume dans le monde d’offrir des cadeaux aux Présidents. À ce jour, aucun président ne les a vendus, pas plus qu’il ne les a versés au Trésor.

Le PGR : Avez-vous déjà reçu des cadeaux après votre départ de la Présidence ?

MOAA : Oui, et j’en reçois encore maintenant, alors que je suis en prison.

Le PGR : Pourquoi avez-vous personnellement décidé de vendre des biens immobiliers de l’État sans vous appuyer sur aucun cadre institutionnel, si le but n’était pas que vos proches obtiennent des emplacements stratégiques ?

MOAA : C’est sans fondement. C’est un pays dont le Mrésident est Mohamed Ould Abdel Aziz et ces décisions ont été discutées en Conseil des Ministres. Pourquoi ignorez-vous la vente des « blocs » et pourquoi avez-vous supprimé le port de N’Diago de l’enquête, ainsi que l’accord sur les conteneurs ? Il s’agit d’un tissu de mensonges et d’une tentative de criminaliser tout un système pour plaire à des corrompus. Les terrains ont été vendus.

Le PGR : On suppose que votre décision est légale et institutionnelle, et nous avons une déclaration du ministre de l’Education, Ba Ousmane, qui a déclaré que l’intérêt public n’exige guère la vente des écoles publiques en question.

Aussitôt une polémique a eu lieu à l’intérieur de la salle d’audience.

MOAA : Il faut être calme. Il me suffit de répondre à ces questions. Ce sont les pouvoirs de l’Etat, pas ceux de la justice. Ce sont des tentatives visant à ternir la décennie. Ba Ousmane fait partie de 30 personnalités au sein du parti (Union Pour la République, UPR) qui ont été victimes d’intimidation et de séduction. C’est ce qu’ils lui ont conseillé de dire, mais il a écrit autre chose. Pourquoi ignorez-vous ce qui concerne le Premier Ministre à l’époque de la vente des blocs ?

PGR : Le Premier Ministre Yahya Hademine a déclaré qu’il n’y avait pas d’étude préalable pour la vente de ces écoles et que c’était inapproprié.

MOAA : Ould Hademine n’a pas mentionné ce que j’avais dit et la discussion entre le Président et le Premier Ministre se déroule directement. Le Président doit être attentif et avoir des idées. J’ai choisi les enchères publiques pour préserver l’intégrité du processus.

Le PGR : L’ancien directeur général de la Sûreté Nationale, le Général Ahmed Bekrine, a déclaré avoir reçu des instructions verbales de votre part et il a évoqué les effets négatifs de la décision. Quel est le but de vendre une école de cette taille et de construire des bâtiments qui affectent le fonctionnement de celle-ci. En plus, des membres de votre famille ont obtenu un tiers des terrains ?

MOAA : La décision est souveraine et le président de la Commission de supervision du processus de vente n’est autre que l’actuel Gouverneur de la Banque Centrale. Vous pouvez l’interroger et rien dans la Constitution n’empêche ma famille d’acheter ces terrains.

Le PGR : Vous avez déclaré devant la Cour avoir payé le prix de l’école de la police avec des terrains.

MOAA : Ce sont mes pouvoirs. C’est moi qui décide de l’intérêt public.

Le PGR : Un membre de la famille a obtenu un tiers des terrains. Il est l’intermédiaire et ne sait pas comment il les a obtenus.

MOAA : Le processus de vente a eu lieu à la télévision et les enchères ont été ouvertes pendant des mois et n’étaient pas secrètes. Concernant les écoles, elles ne sont plus aptes à l’enseignement et sont devenues un vrai problème. Des dizaines d’écoles ont été construites avec la recette des ventes.

Le PGR: L’ancien Ministre des Finances, à l’époque des faits, Thiam Diombar, a témoigné qu’il a créé une entreprise d’assemblage d’avions à votre demande, et vous lui avez ordonné d’octroyer un terrain de 10000 mètres carrés, et 200 millions d’apport au capital ont été versés par le gouvernement mauritanien. Dans sa déposition comme témoin, Hassana Ould Ely, a déclaré devant la Cour que l’entreprise était fictive. Alors quel en était le motif ?

MOAA : Le ministre [Thiam Diombar, NdR] connaît l’histoire et sait aussi pourquoi je l’ai laissé partir. L’ambassadeur de Mauritanie à Washington nous avait appelés pour nous a dit qu’il y avait des investisseurs américains qui envisageaient d’installer une unité d’assemblage d’avions. Alors je leur ai ordonné de discuter de la question avec le ministre des Finances. Il était écrit que le terrain devait être récupéré dans les 24 mois. Ils avaient dit que la Mauritanie devait impérativement acheter un certain nombre d’avions. L’argent a été transféré via la Mauris Bank [tombée en faillite depuis], dans laquelle l’Etat a perdu de l’argent.

Le PGR : Un terrain de 32000 mètres carrés a été concédé à un de vos proches.

MOAA : Cette parcelle a été accordée légalement comme 5 autres parcelles, et aucune enquête n’a été ouverte à son sujet, en dépit du fait que le ministre des Finances de l’époque était un cousin de l’intéressé.

Partage Social: