Mohamed Chaddad… Deux décennies de fidélité à l’océan et au désert

À l’extrême nord de la Mauritanie, là où l’océan rencontre le sable, Mohamed Chaddad vit une histoire d’appartenance qui s’étend sur deux décennies. Fils du village d’Iwik et passionné de mer, il a grandi au sein de la communauté ancestrale des Imraguen, ce petit peuple qui, depuis des siècles, maintient un équilibre délicat entre l’homme et la nature à travers une pêche traditionnelle durable, respectueuse des cycles de la vie marine.

À bord du lanche — le voilier traditionnel — Chaddad a appris les secrets de la mer. Il a hérité de ses ancêtres une connaissance fine des saisons, des courants, et des noms de baies absents des cartes. Ce savoir, transmis oralement de génération en génération, il l’a transformé en outil scientifique documenté, en contribuant à la première carte ethnographique du Parc National du Banc d’Arguin (PNBA) en 2007.

Depuis lors, Chaddad n’a jamais quitté le parc. Il est devenu guide agréé, référence pour les chercheurs et scientifiques, et un pilier d’un système de surveillance environnementale unique en son genre, réunissant gardes, garde-côtes, et membres de la communauté Imraguen.

Aujourd’hui, face à l’intensification des menaces environnementales et à la pression de la pêche industrielle, Mohamed est à la fois témoin et acteur des efforts de préservation, notamment à travers le programme BACoMaB, soutenu au niveau international. Ce programme renforce la gouvernance locale, finance des centaines de patrouilles maritimes chaque année et établit des cartes précises d’écosystèmes marins rares.

Mohamed Chaddad n’est pas qu’un guide. Il est la mémoire vivante d’une culture maritime unique, et la voix de la sagesse dans une lutte pour la survie, entre des vagues toujours agitées et un environnement en quête de protection, non d’exploitation.