COGITO: Cher pays virtuel PARTIE 4/4

Jan 13, 2024 by maya agaly

II. Sur le plan politique : L’important est d’établir une relation juste et responsable entre un Gouvernant serviteur et des Gouvernés ne sentant pas de large fossé entre eux et les dirigeants qu’ils sont censés avoir installés et auxquels ils ont confié, pour un temps, leur destin. Pour assurer une certaine harmonie entre les Gouvernants et les Gouvernés, ne faut-il point que chacun accepte et s’identifie dans l’autre. Les structures et la nature du pouvoir doivent refléter une forme d’expression de l’autorité naturellement significative pour le citoyen. Une combinaison intégrée de 2 formes de pouvoir entre le moderne et le traditionnel peut contribuer positivement à la stabilité de la république. La démocratie prônée et aussi dictée par l’Occident n’est pas très adaptée à nos réalités… on doit, certes, s’en inspirer sans marginaliser ni humilier nos chefs ni nos pouvoirs traditionnels. L’adaptation d’un pouvoir dit moderne se heurte à un ensemble de réalités que les penseurs européens se sont empressés à vouloir normaliser. Les schémas de l’articulation des pouvoirs me paraissent très simplistes. On ne peut imposer à une société un schéma de pouvoir en délaissant tout paradigme spécifique. Comment peut-on ignorer le culte, la religion, les traditions, le système de pouvoir existant, et le regard de chaque peuple sur le présent et le futur d’un destin rêvé ? Ne faudrait-il pas conjuguer ce devenir autrement ? Le tiraillement entre l’Église et les souverains, d’une part, et entre une plèbe qui est grosse d’une classe bourgeoise et les aristocrates allaient amener les penseurs à séparer les pouvoirs en destituant la sainte Église. La fréquence des régicides en Europe fut un accélérateur de la mise en place du jeu de la Démocratie comme mode de gouvernement. Tout amène à penser que le jeu était pour les composantes d’une cour qui pouvaient se battre pour le pouvoir sans tuer le Prince. Le libéralisme encouragé par une classe bourgeoise naissante, anticonformiste, très riche et autonome, se devait d’être le lubrifiant de ce système. Le Tiers état réclamait sa part du pouvoir… au départ, il devait se contenter d’une Chambre basse alors que l’aristocratie se réservait la Chambre haute. Le type de scrutin montrait la timidité des réformes qui dès le départ favorisa le scrutin majoritaire pour confier la représentation du peuple aux seuls dignitaires… le système resta très ségrégationniste avant l’avènement de la proportionnelle avec ses variantes. Tout en gardant à l’esprit les enseignements des penseurs politiques mon souhait est de voir le pays de mes rêves associer sans exclusive nos citoyens à une espèce de pouvoir consensuel. Notre attachement à l’Islam et à nos différentes cultures avec nos traditions, nos règles de vie, nos pouvoirs traditionnels, nos libertés et leurs limites… Toute forme de gouvernement doit tenir compte de ces constantes. À mon avis, le principe de séparation des pouvoirs est équilibrant mais limitatif… D’autres formes de pouvoir ont été sacrifiées en Europe, pour évincer une Église qui ne reconnaît qu’un pouvoir dit divin. Ce phénomène sera accompagné par une certaine dynamique d’éloignement des des sujets de la religion par le développement d’un autre, non moins dogmatique culte : La laïcité. La « liberté » ne pouvait pas s’arrêter à une révolte contre l’Église… Aujourd’hui ces pays occidentaux s’en prennent aux lois de la nature en imposant les LGBT… et en réduisant le Genre à un choix … et que vive Sodome. Ces approches libertines ne peuvent que se heurter à nos paradigmes car nous croyons à nos Religions et aux règles que la Nature impose. Cette lecture de la démocratie occidentale m’a toujours conduite à refuser la limitation des pouvoirs à 3. La presse n’étant qu’un simple « contre pouvoir » à vitesse très variable, le 4ème pouvoir est celui du Mufti ou du Chef de tout clergé représentatif de la religion du Peuple. Dans notre pays où l’Islam est religion d’État et religion du peuple, le pouvoir du Mufti ne peut être octroyé ni par le pouvoir exécutif ni par le pouvoir législatif ni par le pouvoir judiciaire…. un pouvoir ne peut détenir sa légitimité d’un autre pouvoir. Les Imam et Chefs des Mahadra dans chaque Moughataa élisent dans un scrutin à deux tours son Mufti local… Le collège des Mufti du pays élisent un bureau de Dar el Fatwa pour 3 ans… et dans la foulée l’assemblée générale des Mufti élit le Mufti de la République. Le Mufti dont l’âge doit être compris entre 55 et 65 ans aura un mandat de 7 ans non renouvelable . En cas de vacance du poste le bureau de Dar el Fatwa par une majorité qualifiée des 2/3 désigne Mufti intérimaire pour une période n’excédant pas un an et demi. Le pouvoir du Mufti ayant sa propre légitimité n’est plus redevable à un quelconque autre pouvoir garantissant ainsi son indépendance. Il peut ainsi interférer dans la gestion du pays … Ce 4ème pouvoir en donnant une certaine garantie aux fidèles doit être renforcé par une meilleure association du peuple sans exclusive à la Gouvernance. La décentralisation rationnelle sans cadeaux clientélistes de la part des gouvernants, peut pallier à toute fracture entre Gouvernants et Gouvernés. Les Conseils Régionaux peuvent devenir des vraies courroies de transmission pour rapprocher le citoyen des Gouvernants… Comme je l’ai toujours prôné, les régions (Est, Centre, Sud, Nord et Nouakchott) doivent jouir d’une autonomie réelle de gestion. Chaque Région dispose de de 4 à 6 Wilaya… pour être encore plus proche des citoyens. Chaque Wilaya doit présenter, chaque année, un bilan d’activité et un projet de budget d’Investissement au bureau du Conseil et au chef de « l’Exécutif » régional. Le conseil Régional qui doit être différent de la structure actuelle ne doit pas être une chambre d’enregistrement et de suivi sans autorité, elle est avant tout un pouvoir non seulement de gestion mais surtout un pouvoir politique. L’autonomie de décision doit amener le conseil à pallier à l’éloignement du peuple des autorités gouvernementales. Sans élections directes des membres du Conseil celui-ci doit être composé des élus de la Région (Sénateurs, députés et maires). Ce collège élit l’un des sénateurs Président. … Cette formule nous évite un scrutin coûteux tout en ayant un Conseil composé d’élus au suffrage universel pour les députés et les maires et au suffrage indirect pour les Sénateurs. L’autogestion autonome de la région est le résultat d’une forme hybride de gestion par un exécutif et un conseil : L’exécutif, démembrement de toutes les administrations du gouvernement central est coiffé par un « Super Wali » qui est nommé par le ministère de l’intérieur. Le Chef de l’exécutif régional est doublement responsable devant le Gouvernement et devant le Conseil qui peut le destituer et réclamer son remplacement… à la fin de la présentation des résultats de l’exercice budgétaire et ce dès la fin de la deuxième année. Le conseil a autorité de suivi, de contrôle et d’orientation de la politique économique et sociale de la région. Le conseil rapproche le citoyen du pouvoir tout en défendant l’intérêt du peuple et de l’espace géographique. Cette mission sera d’autant plus efficace si elle est définie dans la Constitution. Celle-ci doit être réécrite pour embrasser et définir toutes les règles de fonctionnement de l’État d’une part et de toutes les règles du jeu politique et des droits d’autre part… Tout en s’inspirant des autres nous attacher à nos spécificités, droits et devoirs de nos 7 composantes ethniques (arabes, haratine, toucouleurs peul, sarakollé, wolof et swanenk du Hodh) et de nos 4 langues. Comme dans certaines grandes Démocraties et autres pays multiethniques (USA, INDE, RUSSIE, CHINE, PAYS D’AMERIQUE LATINE, PAYS DE L’AFRIQUE comme le Sénégal, Le Mali, la Côte d’Ivoire, les Congo, le Nigeria, le Cameroun, le Tchad, l’Algérie…) nous devons déterminer par un recensement Ethnique et linguistique les composantes de notre peuple. Ainsi les composantes par leurs poids réels peuvent aspirer à une protection égalitaire et non discriminatoire … de leurs droits et aussi de leurs devoirs Le recensement permettra de stopper toutes les sorties non fondées de certains chiffres erronés de nos politiciens identitaires.

À mes yeux la République doit définir les types de pouvoir, leurs relations, leurs limites, leurs interdépendances et la synergie nécessaire à leurs fonctionnements : – Le pouvoir exécutif : L’option d’un régime de type présidentiel est le plus adapté pour nous car plus stable que le régime parlementaire… à la merci des humeurs des députés dont la citoyenneté est encore très faible face aux intérêts personnels.

L’Exécutif est constitué de 2 principales composantes : Le Président de la République élu au suffrage Universel à un ou deux tours… et un Gouvernement composé d’un Premier Ministre nommé par le Président et des ministres. Des aménagements constitutionnels permettraient de réformer l’exécutif : élection du Président par un scrutin à un tour pour un mandat unique de 7 ans. Bien que non responsable devant le Parlement, il doit le faire consulter pour toute décision majeure. Le Président doit être élu avec un Vice-Président auquel sont confiés des dossiers dits politiques ou sociaux. Le gouvernement est dirigé par un Premier Ministre désigné par le Président dont il est le fusible… cette invention de la 5ème République a pour objet d’éviter un face-à-face de De Gaulle avec les députés. Le Premier ministre est ainsi doublement responsable devant le Parlement qui peut lui retirer sa confiance… mais aussi le Président qui peut le destituer lui, partie ou tous les membres du cabinet, à chaque moment. Les Ministres, malgré le terme consacré « sur proposition du Premier Ministre » sont uniquement choisis et désignés par le Président… Simple coordinateur entre les membres du gouvernement et ne présidant jamais le conseil des ministres… il doit rester effacé tant qu’il n’y a pas de Crise ou qu’il ne fait pas le « figurant » devant le Parlement. – Le pouvoir judiciaire est en particulier très soumis au pouvoir exécutif. Cette relation incestueuse ne permet pas l’indépendance de la justice. Si les procureurs doivent être nommés par le Ministre, il est nécessaire de trouver une formule pour assurer l’indépendance du juge… Beaucoup de pays assurent cette indépendance et protègent les pendant des mandats fermes déterminés dans le temps et l’espace… la juridiction. Pour avoir une Justice il faut la libérer du politique donc des pouvoirs exécutif et parlementaire.

 

Le pouvoir parlementaire. Ce pouvoir législatif vote les lois et contrôle l’activité du Gouvernement. Chez nous, les performances de ce pouvoir sont altérées par une mosaïque de problèmes :

 

Le nombre pléthorique de députés qui n’aurait pas dû dépasser 85 élus et 5 cooptés (Syndicat, société civile, handicapés et retraités civils et militaires) par le Gouvernement après une consultation des structures concernées qui doivent pour chacune présenter 5 candidats. Après ce filtrage, les élus de l’Assemblée votent en 2 tours pour remplir les 5 sièges.

Le choix actuel des députés sur la base d’un scrutin à 2 tours d’une part et un à la proportionnelle, d’autre part, introduit anormalement des représentants n’ayant pas la même légitimité. Cette approche très subtile a pour objet de maintenir par le scrutin majoritaire à 2 tours les dignitaires, les riches et autres conservateurs à endiguer la montée des forces du changement. Ils doivent rester pour défendre leurs privilèges et le système. Les 2 types de scrutin actuels doivent être abandonnés, pour un, que je considère beaucoup plus approprié et représentatif. L’élection des députés pour créer une synergie avec une autogestion régionale déjà retenue doit se faire à la proportionnelle régionalisée. Compte tenu de la population de chacune des 5 régions, est affecté un nombre parmi les 85 députés. Sur la base du nombre retenu pour chaque région, le vote se fera à la proportionnelle sur des listes que présentent les forces en compétition… et chacune, en fonction des votes obtenus, aura son lot d’élus. Ces députés seront membres du Conseil de leur région. Toutefois, ces réformes nous obligent à revoir les lois sur les partis et celles qui régissent les élections. La prolifération des partis dans un pays multiethnique et tribal conduit à un certain éclatement de l’opinion et du discours politique. Le politique est réduit à un duel identitaire diviseur… Il se crée une dynamique de tribalisation, de régionalisation et d’ethnicisation du combat pour le pouvoir… avec un relent de racisme. Comme on ne peut pas dissoudre des partis reconnus, et comme il sera difficile de les réduire à 3 (Senghor) sans un vote référendaire… il faut trouver une solution. La structure partisane la plus unificatrice et la plus stable a été le Parti Unique, toutefois elle est réductrice de la liberté d’opinion et des velléités d’alternance… On doit par référendum fixer le nombre de Partis à 3, un de Conservateur, un du Centre et de Gauche… Dans l’impossibilité de limiter les partis, je propose que dans toute élection de réduire les bulletins à 4 compte tenu du bulletin blanc… ce qui amènera les différents partis à se lover dans une des 3 coalitions tout en gardant leurs autonomies. Pour éviter dès le départ cette multitude de partis, il fallait imposer des règles :

· Projet de société, règlement intérieur et statut.

· Un siège central et au moins 8 sièges dans 8 capitales de wilaya.

· 1000 signatures dans toutes les wilayas autres que celles de Nouakchott où le total des signatures doit dépasser les 2000. …et en plus toutes les autres contraintes qui peuvent réduire le nombre de partis et des associations identitaires. La force des idées identitaires réside dans l’objectivité de l’argument d’appartenance à un seul corps.

Le projet de société se limite à développer les différences en se fixant un objectif d’hégémonie sur les autres groupes… tout courant identitaire est un fossoyeur implacable de toute forme de citoyenneté. Les 5 régions doivent élire par l’ensemble de leurs conseillers municipaux les sénateurs. Chaque région élit 5 Sénateurs à la proportionnelle, soit 25 Sénateurs élus auxquels on ajoute 15 Sénateurs cooptés par l’exécutif parmi les personnalités sociales et intellectuelles ayant autorité. Les Sénateurs sont membres des conseils régionaux. Le président de tout conseil régional est élu parmi les Sénateurs de la région. Un conseil de la Nation peut être envisagé regroupant les pouvoirs traditionnels et se réunissant une fois par an sous la présidence du chef de l’État assisté par le Mufti, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. La déclinaison des activités de ces structures permet une meilleure transparence dans les relations entre Gouvernants et Gouvernés. L’articulation et la synergie de ces pouvoirs et centres de décision permettent d’espérer une bonne gouvernance. La société mauritanienne vit une crise de valeurs sans précédent où l’argent mal acquis a imposé le paraître au dépend de l’être… à part les sous il n’y a pas d’autres repères. L’éducation, la connaissance n’assurant plus de statut et ne nourrissant pas son homme, les valeurs objectives cèdent la place à « thieub thib », à la corruption, au clientélisme, et à la servitude… La Mauritanie virtuelle avec son équité, sa citoyenneté, ses valeurs objectives, son désir de justice, ses espérances… et ses différents atouts, ses avantages comparatifs, ses ressources et sa diversité ethnique, linguistique et culturelle, est un État viable. Bâtissons notre Mauritanie.

 

CHEBIH CHEIKH MELAININE

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