La campagne électorale en cours en Mauritanie est marquée par des critiques émanant à la fois de candidats de la majorité et de l’opposition. Malgré leurs différences politiques, Khaly Dialo, fondateur de la Marmitte du Partage, et Mohamed Ould Borbouss, tête de liste du parti de la Construction et du Progrès et ancien ministre du Sport, partagent une même vision de la campagne politique biaisée. Les deux candidats dénoncent des anomalies qui remettent en cause le processus démocratique censé garantir l’équité de cette échéance politique.
Khaly Dialo, candidat sur la liste national des jeunes
Khaly Dialo se présente à l’élection législative avec la certitude de gagner ! “Je travaille sur ça depuis plus de 20 ans, donc aujourd’hui je suis sûr de moi”
Pourtant lorsqu’on lui demande s’il croit au processus électoral mauritanien : il répond sans hésiter : non ! Le candidat a relevé plusieurs anomalies anti démocratiques pendant cette campagne politique.
Khaly Dialo, fondateur de la Marmite du Partage et candidat dans la liste nationale des jeunes, est connu pour sa lutte contre les discriminations envers les plus démunis et ceux qui ne font pas partie « des grandes tribus » . Il se présente comme le candidat du peuple opprimé et affirme être la voix des sans-voix. Fort de ses nombreuses années d’expérience dans le domaine humanitaire, il est convaincu de sa victoire lors de cette élection.
Cependant, malgré sa confiance dans sa propre candidature, Khaly Dialo remet en question le système démocratique actuel de la campagne politique. Il soulève plusieurs anomalies antidémocratiques qui ont marqué cette période électorale. Il critique notamment la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour avoir affiché des lieux d’enregistrement des électeurs différents de leur localité réelle. Il dénonce également le manque de communication de la CENI, soulignant que de nombreux candidats ont récemment découvert l’existence de démarches administratives supplémentaires à effectuer auprès de la direction centrale pour désigner un mandataire. Selon lui, cette centralisation des procédures va à l’encontre du bon sens et complexifie inutilement le processus électoral. Il exprime ainsi son manque de confiance envers la CENI.
Mohamed Ould Borbouss: La déception face au manque démocratique
Mohamed Ould Borbouss, tête de liste du parti de la Construction et du Progrès pour les élections législatives de Nouakchott Ouest, fait partie de la majorité présidentielle. Pourtant, il exprime sa déception face au manque de démocratie et de respect de l’État de droit dans le pays. Il déplore particulièrement l’influence du gouvernement dans le processus électoral, tout en distinguant le président lui-même des proches qui l’entourent, et qu’il dit être de mauvais conseils pour le chef de l’Etat.
Le candidat souligne le manque de discernement et l’abus de pouvoir dont a fait preuve le Premier ministre durant la campagne électorale, lorsqu’il a menacé de sanctionner les dissidents à l’INSAF (son parti politique ) qu’il associe au président Mohamed Ould Ghazouani. “Ce n’est pas le meilleur crédit qu’il ait pu donner au gouvernement” s’exclame le candidat Mohamed Ould Borbouss qui considère que de telles actions ternissent l’image du gouvernement et ne renforcent pas sa crédibilité.
Mohamed Ould Borbouss, tout comme Khaly Dialo, soulève une série d’anomalies qui sapent la crédibilité du processus démocratique en cours. Il affirme avoir reçu des informations selon lesquelles des contingents entiers de votants sont déplacés d’un bureau à un autre afin de favoriser le parti de l’INSAF, et de combler les déficits de voix dans certains bureaux de vote. De telles pratiques suscitent des inquiétudes quant à l’intégrité du processus électoral et à l’équité des résultats finaux.
Ces deux candidats, malgré leur affiliation politique divergente, soulignent tous deux le caractère antidémocratique de la campagne politique actuelle.
Ces anomalies remettent en question la crédibilité du processus démocratique et sapent la confiance des citoyens dans le système politique en place. La transparence et l’équité sont des principes fondamentaux d’une démocratie saine, et il est impératif que les autorités compétentes prennent des mesures pour remédier à ces problèmes et garantir l’intégrité du processus électoral, défendent les deux candidats à l’élection législative. Entre détermination et méfiance vis-à-vis du processus électoral, la campagne politique semble donner le ton pour la suite des élections.
Yamina BENDAIDA.
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