À la lisière du grand désert mauritanien, là où passaient autrefois les caravanes chargées d’épices, de manuscrits et d’or, la ville ancienne de Oualata continue de résister à l’isolement et à l’érosion, préservant sa gloire intellectuelle et culturelle au milieu des sables mouvants et des tempêtes récurrentes.
Fondée entre les XIe et XIIe siècles, Oualata a prospéré comme l’un des centres les plus importants de la culture islamique sur les routes caravanières. Mais aujourd’hui, elle est au bord de la disparition, minée par l’effondrement de ses structures et l’effacement de sa mémoire, face à l’exode de sa population et aux changements climatiques.
Maisons en terre qui s’effondrent… et habitants qui partent
« De nombreuses maisons se sont effondrées à cause des pluies », raconte Khady, une habitante, devant une demeure en ruine qu’elle dit avoir héritée de ses ancêtres. Sidiya, représentant d’une fondation de préservation du patrimoine, attribue la dégradation à l’exode : « Les maisons sont devenues des ruines parce que leurs propriétaires les ont abandonnées. »
Aujourd’hui, la population de Oualata et de ses environs ne dépasse pas deux mille personnes. Sur les 293 parcelles situées dans le cœur de la vieille ville, à peine une centaine sont encore habitées.
La désertification, ennemi silencieux
Le changement climatique et la désertification menacent directement la ville. « Oualata est encerclée par les sables de tous côtés », affirme Sidiya, évoquant un phénomène qui touche 80 % du territoire mauritanien, selon le ministère de l’Environnement.
Dans les années 1980, le sable avait même recouvert la mosquée de la ville, obligeant les fidèles à prier sur son toit, raconte le géographe Bachir Mbarek, de l’Université de Nouakchott. Le bâtiment a été dégagé depuis, mais la lutte contre le désert reste permanente.
Un patrimoine face à l’oubli
Dans ce paysage en décomposition, Oualata conserve son trésor le plus précieux : des manuscrits rares, conservés dans des bibliothèques familiales dont certaines remontent à plus de six siècles. Dans l’une d’elles, l’imam Mohamed Ben Abaty feuillette un manuscrit vieux de trois cents ans.
« Nous avons hérité de cette bibliothèque de nos ancêtres, les fondateurs de la ville », explique-t-il, en désignant sa collection de 223 manuscrits, dont le plus ancien date du XIVe siècle. Mais préserver ce patrimoine devient un véritable défi, faute de soutien technique et financier.
« Cette bibliothèque a besoin d’un expert, c’est un trésor de savoir dans les domaines de la langue, des sciences coraniques, de l’astronomie et de l’histoire », ajoute l’imam, qui ne réside pas à Oualata toute l’année.
Tourisme absent… et dangers présents
Le tourisme, qui aurait pu offrir un souffle économique à la ville, est quasiment inexistant. Oualata se trouve à deux heures de la ville la plus proche, n’a pas d’hôtels, et figure sur la liste des zones « déconseillées » par plusieurs pays, en raison de risques sécuritaires.
Un espoir qui renaît
Malgré tout, des tentatives sont faites pour raviver l’esprit de Oualata. Depuis quelques années, le Festival des villes anciennes est organisé chaque année dans l’une des quatre cités historiques, offrant quelques financements pour la restauration et l’aide aux populations locales.
Et lorsque le soleil se couche derrière les montagnes, la vie reprend peu à peu dans les ruelles de la ville. Les enfants sortent jouer dans les allées sablonneuses, et Oualata reprend son souffle pour un nouveau jour, comme si elle refusait d’être effacée de la mémoire du désert.
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