Le site Seneweb : Le Sénégal adopte un silence prudent face à l’escalade entre Israël et l’Iran

Malgré l’escalade dangereuse entre Israël et l’Iran, qui représente une large menace pour la stabilité du Moyen-Orient, le Sénégal s’est contenté d’exprimer sa « profonde inquiétude » face à l’attaque israélienne, sans adopter de position politique ferme, selon un rapport analytique récemment publié par le site sénégalais Seneweb.

Le rapport souligne que l’expression « profonde inquiétude » utilisée dans le communiqué officiel du gouvernement sénégalais concernant l’attaque israélienne contre l’Iran, adopte un ton neutre semblable à celui des déclarations de l’ONU ou de la CEDEAO, ce qui reflète une volonté claire de ne pas prendre de position explicite dans un conflit international particulièrement complexe.

Lors du Conseil des ministres tenu le mercredi 18 juin, les autorités exécutives du pays ont complètement ignoré ce dossier brûlant, préférant se concentrer sur les questions locales, selon l’observation de Seneweb, ce qui est perçu comme un indicateur d’une nouvelle doctrine géopolitique encadrant la relation du Sénégal avec Israël.

Du soutien symbolique au silence de l’État et de la société

Malgré la participation du Premier ministre Ousmane Sonko à une manifestation de soutien à la Palestine en août 2024, et son discours virulent contre le gouvernement israélien, Seneweb relève un recul de l’enthousiasme dans les prises de position officielles : le Premier ministre reste désormais silencieux face aux bombardements continus sur Gaza, malgré l’ampleur croissante des massacres touchant les civils.

Quant au président Bassirou Diomaye Faye, il avait auparavant dénoncé, à la tribune de l’ONU, « l’impuissance de la communauté internationale » face à la situation en Palestine, qualifiant ce qui s’y passe de « plaie ouverte dans la conscience mondiale ». Mais lui aussi, à l’instar de Sonko, ne s’est pas aventuré au-delà des discours diplomatiques, d’après le site.

Le rapport note également que ce silence officiel s’étend aux autorités religieuses et confréries soufies, ainsi qu’au faible engagement des élites médiatiques, académiques et de la société civile sénégalaise sur la question palestinienne, à l’exception de quelques associations spécialisées.

Des relations croissantes avec Tel-Aviv… sous le signe du réalisme

Le rapport de Seneweb observe une croissance continue des relations économiques et sécuritaires entre le Sénégal et Israël, développées discrètement depuis plusieurs années. Cela a commencé par la signature, en août 2022, d’un accord de coopération économique entre la Chambre de commerce israélo-africaine et celle de Dakar, suivi des déclarations de l’ancien ambassadeur d’Israël, Ben Bourgel, qui affirmait œuvrer à l’élargissement du champ de la coopération commerciale.

Le rapport révèle également un important contrat d’armement, d’une valeur de 45 milliards de francs CFA, conclu par le Sénégal avec une entreprise israélienne, et classé parmi les « secrets de la défense nationale », selon les affirmations de l’ancien ministre du gouvernement, Abdou Karim Fofana.

Dans un commentaire bref relayé par Seneweb, l’ambassadeur actuel d’Israël s’est abstenu de confirmer ou de nier les détails de cette coopération sécuritaire, déclarant simplement : « S’il y a des relations, elles sont soumises à la confidentialité. »

Entre discours et pratiques

Les analystes du site estiment que le Sénégal est passé d’un soutien public et historique à la Palestine à une diplomatie plus pragmatique, dictée par des considérations d’intérêt économique et sécuritaire avec Tel-Aviv. Ce tournant s’est reflété dans les prises de position récentes concernant la guerre à Gaza, et désormais face à l’escalade entre l’Iran et Israël.

Le rapport conclut en soulignant que ce changement dans la doctrine de politique étrangère du Sénégal vis-à-vis du Moyen-Orient devient de plus en plus manifeste, à travers le silence des autorités et le recul de la centralité de la cause palestinienne dans le discours public — même si, sur le plan théorique, le Sénégal reste à la tête du Comité de l’ONU pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.