COGITO: Cher Pays virtuel- PARTIE 2/4 / Chebih CHEIKH MELAININE

Oct 13, 2023 by admin

Stratégies sectorielles : L’objectif étant toujours un mieux-être de mes compatriotes dans ma Mauritanie virtuelle, tout en assurant la synergie économique nécessaire, chaque secteur jouit d’une politique spécifique.

 

La pêche : Ce secteur vital doit être repris en main pour servir le pays et ses citoyens. En effet, depuis les tentatives dont les succès relatifs ont permis une réappropriation de la mer, toutes les politiques ont été des échecs « programmés »… Les timides, mais souveraines réformes des années 80 se sont essoufflées dès la fin de la décennie sans être réarmées. Une approche pour revitaliser le système devait permettre un changement de type qualitatif. La relance devait privilégier la gestion des stocks, de toute l’exploitation de notre ZEE, la redéfinition des outils de production, le produit et un aménagement des pêcheries :

 

  • Élaboration d’une carte de l’exploitation de la ZEE de 200 Miles (zones de pêche, zones de transport maritime et zones d’exhaures pétrolières et gazières).
  • Passage vers une transformation du produit qui est dévalorisée par la simple congélation qui n’est qu’un système de conservation déflectant le prix par rapport au produit frais ou élaboré.
  • Remplacement progressif des chalutiers par des senneurs et des palangriers… et entrée en service de catamarans plus stables et plus productifs.
  • Réservation de la pêche côtière aux Artisanaux et aux embarcations de moins de 300 CV.
  • La pêche industrielle doit être strictement réservée aux sociétés de droit mauritanien, en bannissant tout exploitant étranger.
  • Arrêt à terme des usines de production de farine de poissons. Le gavage de saumon de pisciculture en Europe ne peut justifier la destruction de la biomasse de nos stocks de poissons. Pour nourrir un saumon et amener son poids à 1 kg, il faut 7 kg de farine, et pour fabriquer 1 kg de farine, il faut 5 kg de poissons frais… La dénonciation immédiate des accords de pêche destructeurs de cette ressource… quitte à étudier un schéma de remboursement assurant la récupération du capital restant, déflaté des recettes déjà obtenues.
  • Le renforcement et le soutien de la pêche artisanale, en cessant de l’assimiler à un système d’activité archaïque au moment où tous les progrès technologiques du secteur s’orientent vers la pêche côtière.

 

L’élevage : Appréhender l’élevage comme un secteur intégré du tissu d’une économie, c’est le défigurer et choisir la facilité. Il ne s’intègre pas de soi dans un tableau d’échange industriel, et cette approche statique est très restrictive et finit par occulter beaucoup de paramètres, rendant toute action de développement vaine. Il faut reconnaître que l’élevage est un mode de production autonome, spécifique et dynamique. Autonome car indépendant, spécifique car il ne ressemble à aucun autre et dynamique car il est cyclique (cheptel / SÉCHERESSE).

 

L’élevage est caractérisé par la nature de la production, l’outil de production, et la confusion entre l’unité de gestion et l’unité de consommation (le campement). Les sous-produits n’étant pas cumulables, l’appropriation est non privative, car il n’y a pas d’échange dans le campement. La croissance positive ou négative de la richesse se traduit par la variation physique du cheptel. L’augmentation du cheptel au-delà d’un optimum se traduit toujours par un phénomène de scissiparité divisant le campement en deux, sans aliéner sa propriété. C’est une économie dynamique qui connaît des cycles, non confondus mais décalés (« lagués ») par rapport aux cycles de sécheresse.

 

L’intégration économique de ce secteur passe par la magie de la monétisation. En effet, elle permet de passer d’une appropriation communautaire (jouissance/usufruit) à une appropriation privative de l’outil de production. Les propriétaires pouvant accumuler, il fallait s’attendre à une restructuration paupérisante du campement et à un exode vers les villes. Le produit dont la jouissance était quasi communautaire devient une marchandise. Une partie du campement se transforme en possesseur, une partie en ouvrier-éleveur, et une troisième partie (lumpen prolétariat) sera éjectée du processus et ira vers les villes. Ce phénomène n’est pas automatique, il se constate sur une période variant de 5 à 10 ans, mais il peut s’accélérer dans une période de sécheresse ; ce qui donne un argument fataliste au propriétaire pour se débarrasser des parasites.

 

Le nomade peut être piégé par :

 

  • Forages d’eau sur les circuits des pâturages.
  • Suivi sanitaire et phytosanitaire.
  • Aires de marquage et de vaccination.
  • Gestion rationnelle des pâturages.
  • Amélioration des espèces.
  • Financement dans la période de soudure (3 mois).
  • Unités d’aliments de bétail adaptées.
  • Identification de la demande et sa segmentation.
  • Favoriser la demande industrielle et celle de l’exportation.
  • Localiser le tissu de l’industrie agro-alimentaire pour épouser les contours des aires de nomadisation (laiterie, tannerie, abattoir).
  • Transformer l’éleveur en producteur essentiel, offrant des inputs pour l’industrie.
  • Segmenter l’offre en fonction des marchés par une normalisation tenant compte de l’âge de l’animal.
  • Limiter les procédures de contrôle.
  • Informer et vulgariser par radio et autres supports de NTIC.
  • Lier l’assistance en aliments de bétail au nombre de têtes de bétail par campement et au nombre de têtes vendues l’année précédente sur un marché agréé. La vente des produits sur pied était non seulement un moyen de conservation de la viande, mais aussi une façon de suppléer au transport.

 

  • L’analyse de la commercialisation des animaux passera par une analyse du marché, de la tendance de la demande et enfin par la restructuration de la demande sous forme de recommandations. On distingue selon l’importance en ordre croissant quatre types de marchés assez bien structurés :

 

  • Petits marchés de collecte (vente par tête) dans les zones de nomadisation.
  • Marchés de regroupement entre les zones pastorales et les zones agricoles.
  • Marchés d’exportations (région).
  • Marchés « d’abattoir » situés dans les agglomérations urbaines.
  • La mauvaise politique de répartition des forages non conformes aux circuits des pâturages renforce les risques de désertification et nous privent de grandes aires de pâturages sans eau. Il faut optimaliser l’exploitation des pâturages et créer des fermes d’embouche.

 

  • Les leviers de la politique de l’élevage : LA BOURSE et LE FONDS DE PROMOTION. Le choix d’une BOURSE relève de plusieurs impératifs dont le plus important est la formalisation d’une partie de la demande sans désarticuler le système commercial ou éliminer des intervenants. L’objectif est de créer un outil à un niveau supérieur à celui du marché de collecte. Cet outil vient se positionner là où s’arrête actuellement les informations, qui, après la collecte, disparaissent dans l’abîme de l’informel :

 

  • Opacité des opérations d’exportation, des prix et des formes de paiements.
  • Sous-déclarations des quantités sous informations sur les revenus et les valeurs.

Pour éviter que la bourse remplace certains marchés et détruise des emplois, nous avons préconisé d’alourdir les conditions d’accès : Offre minimale par espèce et par catégorie d’âge, par poids minimal, par genre avec contrôle de qualité… Ce marché sélectif servira à formaliser une partie importante des activités principales (exportations et sous-produits industriels), tout en imposant un label pour les Sous-produits (Viande, Peaux, cornes, laine ongles, gélatine…). La bourse est appuyée par des laboratoires, des brokers, des ranchs d’embouche et un fonds de développement et de financement de l’économie Pastorale. La liquidité disponible incitera à l’emploi des bourses par les opérateurs. La bourse, monopsone/collecteur, à intervenants multiples, s’autofinancera par le prélèvement de 3 à 5% sur les transactions. Une structure technique de gestion de bourse doit être créée sous forme d’office public autonome. La mission sera :

 

  • Permettre la vente de produits sélectionnés destinés à l’exportation et aux intrants de l’industrie d’abattage.
  • Imposer un label.
  • Assurer la transaction matérielle (Opérateurs, Fonds).
  • Établir des statistiques détaillées.
  • Gérer le portefeuille des acheteurs en fonction de leur crédit disponible.

 

  • Un Fonds de promotion de l’Elevage et des PRODUITS d’Élevage qui favorise le financement des activités de production et de commercialisation sur les Marchés (local et extérieur). Le FONDS doit être régionalisé avec des Conseils de Crédits Régionaux pour segmenter les crédits par région, assurer les financements (Investissements, Soudure, fonds de roulement…).

 

L’Intégration de l’Élevage à l’économie Moderne passe par la MONÉTISATION et la TRANSFORMATION des sous-produits en Intrants (Input) pour l’industrie. La production animale mal encadrée et sans approche stratégique peut se saborder en empruntant un chemin d’intégration anarchique… aujourd’hui l’éleveur établit ses prix de vente en fonction de la quantité de biens que lui rapporte une tête de bétail. À chaque vente, la hausse des prix l’oblige à ajuster ses prix… à ce rythme, le kg de viande importé de La Nouvelle-Zélande coûtera moins cher sur notre marché… Occasion que ne manqueront pas d’exploiter nos commerçants sans se soucier des éleveurs.

 

À suivre

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